Fertilité et Nutrition : Une alliance essentielle pour accompagner un projet bébé
- Rita Paleni
- 28 mars
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 mars
La fertilité, souvent perçue uniquement comme une affaire médicale, est en réalité un indicateur précieux de la santé globale. De plus en plus de femmes, accompagnées ou non dans des parcours de PMA, prennent conscience que leur assiette a un rôle à jouer dans leur capacité à concevoir. Dans cet article, je vous propose un tour d’horizon sur les liens entre alimentation, micronutrition et fertilité, avec quelques pistes concrètes pour enrichir vos suivis.

Comprendre la fertilité comme reflet de la santé globale
La fertilité n’est pas qu’une fonction reproductrice. C’est un signal biologique qui nous renseigne sur l’état hormonal, métabolique et inflammatoire d’une personne. Lorsqu’elle diminue ou se dérègle, elle peut révéler des carences, des perturbations hormonales ou un terrain inflammatoire chronique.
Chez la femme, cela peut se traduire par des troubles du cycle (SPM, cycles irréguliers, absence d’ovulation), des douleurs, une endométriose, ou encore des difficultés à concevoir.
Chez l’homme, la qualité du sperme est aussi fortement influencée par l’hygiène de vie et l’alimentation.
La bonne nouvelle ? Ces paramètres sont modifiables.
La fertilité et la nutrition peuvent être un levier puissant, souvent sous-exploité, pour optimiser le terrain de fertilité.
Quels sont les nutriments clés de la fertilité ?
Voici les micronutriments dont le rôle est aujourd’hui bien établi dans la littérature scientifique :
Vitamine D : essentielle à l’implantation embryonnaire, à la modulation du système immunitaire et à la qualité endométriale. Un taux insuffisant est associé à une baisse de la fertilité et à un risque accru de fausses couches précoces.
Zinc : il intervient dans la maturation folliculaire et la synthèse hormonale. Un déficit peut altérer la qualité des gamètes et favoriser des anomalies de la phase lutéale.
Oméga-3 (EPA/DHA) : ces acides gras jouent un rôle dans la régulation hormonale, la qualité endométriale et la réduction de l’inflammation. Ils sont aussi impliqués dans la qualité des gamètes.
Fer : un statut martial correct est indispensable à l’ovulation, à la qualité ovocytaire et à la prévention des complications périnatales.
Iode : indispensable au bon fonctionnement thyroïdien, dont l’impact sur la fertilité est bien connu. Les femmes carencées en iode peuvent présenter une ovulation irrégulière et un risque augmenté de fausse couche.
Folate (B9) : indispensable à la synthèse de l’ADN, à l’ovulation et au développement embryonnaire. La forme active (5-MTHF) est souvent recommandée en cas de troubles de la méthylation.
Vitamine B12 : son déficit est associé à une fertilité réduite, à un risque accru de fausse couche et à un allongement du délai de conception.
Choline : encore trop méconnue, elle participe au développement neurologique fœtal et à la méthylation de l’ADN. Elle est indispensable au bon développement embryonnaire.
Des erreurs alimentaires fréquentes
Dans ma pratique, j’observe souvent des erreurs récurrentes :
Une consommation excessive de sucres rapides et produits ultra-transformés, favorisant l’inflammation chronique
Un apport insuffisant en oméga-3, en raison d’une faible consommation de poissons gras
Une alimentation trop pauvre en fibres, donc appauvrie en micronutriments essentiels et peu favorable au microbiote intestinal
Une carence en vitamine D
Ces facteurs viennent altérer l’équilibre hormonal, le fonctionnement ovarien et la qualité ovocytaire.
L’impact du microbiote et du foie sur la fertilité
Deux axes sont à surveiller particulièrement :
Le microbiote intestinal, dont le rôle dans l’inflammation, la digestion des hormones et l’immunité est central. Un microbiote déséquilibré peut être associé à une mauvaise résorption des nutriments et à des troubles digestifs impactant la fertilité.
Le foie, principal organe de détoxification hormonale. Il est essentiel pour l’élimination des œstrogènes en excès. Une alimentation trop riche en produits transformés, en alcool ou en acides gras trans peut ralentir cette fonction.
Cas pratique : Lisa, 34 ans
Lisa consulte dans un contexte de désir d’enfant depuis 2 ans, avec antécédents d’adénomyose, plusieurs fausses couches tardives et un terrain inflammatoire.
Elle présente :
Des troubles digestifs
Une alimentation riche en féculents et pauvre en poissons
Une faible exposition solaire
Des taux faibles en vitamine D, zinc, iode et un niveau d’inflammation élevé
La prise en charge proposée au couple:
Une alimentation anti-inflammatoire : plus de légumes, poissons gras, produits fermentés, réduction de la charge glycémique
Une micronutrition ciblée (suite aux bilan): vitamine D, oméga-3, zinc, sélénium, NAC, B9 active
Des ajustements de mode de vie : gestion du stress, yoga, amélioration du sommeil
6 mois après la prise en charge du couple, Lisa est enceinte. Aujourd’hui, elle est à 25 SA, sans complications.
Ce que vous pouvez transmettre à vos patientes en consultation
Vous êtes la clé d'entrée pour les femmes, vous pouvez initier de véritables changements en consultation avec quelques messages clés (même si vous n'avez pas le temps ;-) :
Encourager à une alimentation variée, riche en produits bruts, en légumes et en oméga-3
Proposer une supplémentation en vitamine D après vérification du statut sanguin
Orienter en cas de troubles digestifs, prise de poids, fatigue chronique ou SPM
Inciter à réduire les expositions aux perturbateurs endocriniens (plastique, cosmétiques, aliments industriels)
Très souvent, les changements sont difficiles à mettre en place seules, ou il est compliqué de prendre du recul sur ce qu’ils font déjà. N’hésitez pas, si besoin, à les orienter vers une prise en charge pluridisciplinaire : pour maximiser leur chance de conception, un déroulement de la grossesse optimal et surtout d'avoir un bébé en bonne santé.
En conclusion,
la fertilité est un phénomène multifactoriel, influencé à la fois par l’environnement, le mode de vie, l’état émotionnel, les antécédents médicaux… et bien sûr, l’alimentation. Elle mérite une approche personnalisée, globale et intégrative, centrée sur la personne dans sa totalité.
L’alimentation et la micronutrition ne sont pas de simples compléments, mais de véritables leviers thérapeutiques pour soutenir la qualité ovocytaire, l’équilibre hormonal, la régulation glycémique, le microbiote et la gestion de l’inflammation — autant de paramètres clés pour favoriser une conception naturelle et un déroulement de grossesse optimal.
Prendre soin de son hygiène de vie, c’est poser les fondations d’une fertilité durable, mais aussi agir en prévention pour la santé future du bébé. Parce que la santé reproductive commence bien avant la conception.
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